“C’est normal de faire ça, nous, on a tout et eux, ils ont tout perdu, ils n’ont plus rien” m’a dit récemment une résidente du foyer “Les Marmottés” qui, suite aux images de dévastation de l’île de Mayotte par le cyclone Chido le 14 décembre dernier, avait décidé d’agir. Elle a proposé et mis en place une cagnotte pour venir en aide aux réfugiés de l’île, qu’elle a remis à la Croix-Rouge et dont le montant n’est pas ridicule rapporté aux faibles revenus des personnes hébergées.
Ce geste de solidarité est loin d’être exceptionnel pour les résidents du foyer, qui participent avec engouement et régulièrement à des actions de ce type (collecte et dons pour la lutte contre le cancer du sein en lien avec octobre rose, pour les animaux avec la SPA…) et dont l’entraide au quotidien par des mots, des gestes, une attention… est bien réelle, en particulier lorsque l’un(e) d’entre eux (elles) est hospitalisé(e).
Mais ce geste est-il anodin, si l’on considère qu’il émane et a été mis en œuvre par une personne en situation de handicap ?
Le sujet de cet article n’est pas d’introduire une réflexion sur le don et contre-don qui constituerait un socle universel de toute société humaine, non ! Des sociologues, philosophes, psychanalystes, anthropologues… et tant d’autres intellectuels de haut vol et de tous horizons ont beaucoup écrit sur ce sujet, même en français.
Je retiendrai simplement deux enseignements majeurs au geste altruiste et désintéressé de cette résidente. Le premier, qu’il démontre des capacités morales et organisationnelles importantes à prendre en compte et à valoriser dans le cadre de son accompagnement médico-social. Le second, tout aussi important, que cet exemple m’a fait réfléchir sur ce que je faisais au quotidien et concrètement pour participer (un peu) à cette solidarité si réconfortante et qui tisse des liens importants de notre société. Parce que nous sommes tous riches à nous entraider les uns les autres.
Article rédigé par Christophe JACQUEMMOZ, Directeur du FAS ”Les Marmottés” à Thonon les Bains
